In Extremis - Un documentaire de Colette Ouanounou - 2014

 

Jeunes et anciens, aux extrémités de la vie, sauront-ils saisir cette occasion de vivre in extremis dans une société qui les a mis à l'écart ?

Des décrocheurs ? Des vieux ? Ecrire une véritable pièce ? Etre dirigés par un vrai metteur en scène ? Un pari fou. Et cela commençait par le travail avec des professionnels du théâtre, bienveillants, Hugo Paviot et Youlia Zimina, pour guider cette petite troupe vers la création. Le Microlycée de Vitry sur Seine est un établissement public qui accueille des jeunes, décrocheurs scolaires, pour leur permettre de reprendre leurs études et de passer leur baccalauréat. Mais revenir à l'école, ce n'est pas si facile. La motivation se travaille au quotidien. Et en classe de Seconde, particulièrement, le raccrochage passe par un projet artistique fort, mené tout au long de l'année. Ce sont donc les 13 élèves de Seconde qui, en 2012, se sont lancés dans l'écriture et la mise en scène d'une pièce de théâtre sur la quête des origines et la migration main dans la main avec des anciens d'un Foyer-Résidence de Vitry sur Seine . Accompagnés de deux enseignantes, Florence Lhomme et Marie-Laure Gache, ils s'embarquent dans une aventure humaine belle et sensible. Mais sauront-ils construire ensemble et mener jusqu'au bout ce projet ambitieux?

Note d'intention de Colette Ouanounou, réalisatrice.

 

Si j’ai accepté de tourner ce documentaire c’est parce que le projet m’est apparu comme extrêmement riche dans la variété des rencontres humaines qu’il proposait et dans son ambition artistique. Bien souvent, on envisage l’intergénérationnel en tant que tel et, au fond, le thème qui préside à ces rencontres est souvent un prétexte pour que jeunes et anciens entrent en contact. Or, rien de tel dans le travail proposé entre le microlycée de Vitry et le foyer Paul et Noémie Froment. Il s’agit pour ces jeunes et ces retraités de se réunir autour de la table, d’écrire ensemble pour construire une pièce de théâtre autour de la migration et des origines, accompagnés par un auteur dramatique, Hugo Paviot.

Dès le départ, les enseignants, la responsable du Foyer, l’écrivain, ont choisi de les mettre en posture d’auteur, de les confronter à des enjeux d’écriture forts, de leur permettre de comprendre ensemble comment on pouvait faire naître un personnage, déterminer les enjeux qui l’habitaient, réfléchir aux interactions entre tous les personnages et aboutir ainsi à la création d’une œuvre théâtrale. Dans ce contexte, le pari était que chacun découvre l’univers de l’autre par le biais de la plume et que la pièce se nourrisse des expériences et des idées de tous.

C’est ce qui m’a fortement intéressée dans ce projet, sa dimension humaine et sa forte ambition intellectuelle qui m’apparaissaient comme des facteurs essentiels pour restaurer, chez ces personnes qui toutes se sont retrouvé exclues de la société à un moment ou à un autre de leur vie, leur estime d’elles-mêmes.

Je me doutais que ce parcours ne serait pas sans embûches et le lien de confiance que j’ai su établir avec chacun m’a permis de les filmer au plus près, de capter les relations qui naissaient, de saisir les moments de doute, de découragement, mais aussi de véritables instants de grâce.

J’ai suivi l’aventure durant toute l’année, des premières rencontres à l’immersion dans l’écriture, au séjour d’écriture en résidence à Gennes (49), jusqu’à la mise en scène de la pièce par Youlia Zimina, qui dirige des ateliers au Théâtre des Quartiers d’Ivry.

J’ai choisi de faire de chacun un personnage du documentaire. La nature collective de l’aventure l’imposait. J’ai voulu montrer que tous étaient partie prenante de cette histoire et si certains semblent s’en être emparés facilement, pour d’autres, le chemin a été plus long.

Car c’est là tout l’enjeu de cette année théâtrale hors du commun: ces jeunes et ces anciens, aux extrémités de la vie, sauront-ils saisir cette occasion de revenir in extremis au cœur d’une société qui les a mis à l’écart ?

Le documentaire

In extremis

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