Rêve en Grand Paris - Un projet artistique ambitieux sur toute l'Ile de France
Exposition sur le thème du Grand Paris par les élèves de Seconde du Microlycée 94
Sous la bienveillance de Vivian Daval, Camille Faucherre, Thierry Payet et Grégoire Terrier.
Regard capital de la jeunesse sur la ville de demain: Photographie / Poésie populaire / Cartographie /Installation sonore
Le rêve en Grand Paris
19 / 06 / 2015
C.A.R.D.I.E. Cellule académique recherche, développement, innovation, expérimentation
Académie de Créteil
La ville de demain par les élèves du Microlycée du 94
Le Projet Attachant Révolutionnairement Intelligent et Surréaliste des élèves de seconde du Microlycée de Vitry-Sur-Seine (94) : une exposition de la Gare au théâtre de Vitry, à voir jusqu’au 6 juin, synthèse d’un travail transdisciplinaire sur plusieurs mois.
Les professeurs du Microlycée du Val-de-Marne ont souhaité sensibiliser leurs élèves de 2nde sur la notion de Grand Paris, acceptée ici comme métropolisation de la conurbation. "Le rêve en Grand Paris" soutenu par la DAC de l’Île-de-France s’inscrivait dans une analyse populaire censée libérer les possibilités créatives des élèves participants. Mission plus que réussie ! L’art, la réflexion, le beau ont dépassé les espérances d’une pédagogie innovante. La Région a mis à disposition de l’équipe enseignante, un poète sonore et auteur Camille Faucherre, un créateur sonore, baptisé ICI ou Banlieue Bleues, un photographe plasticien, Vivian Daval, et un artiste urbaniste Thierry Payet.
L’association de travaux amateurs et professionnels, nourrie par l’imagination des jeunes, a donné lieu à une exposition originale, qui ne démériterait pas d’être présentée dans un espace culturel de renom de la capitale. Le travail des artistes a servi le rêve des lycéens, par la photo, le son, l’écriture, la vidéo. Le rendu final est un arbre invisible d’où les fruits trop mûrs pouvaient être cueillis par les spectateurs : à leur disposition, textes, images, cartes.
L’avenir du territoire a été passé au crible de la réflexion.
Des cartes sensibles et poétiques ont été créées au croisement de la géographie et des arts. En cartographie, oubliez ici, le feutre de couleur et
trouvez pour légende : fil de laine, ruban de scotche coloré, trait frais tout droit sorti d’une bombe de peinture acrylique aérosol. Tous symbolisent une idée, une piste, un chemin sur la
surface d’une carte soit suspendue, ou sur le sol ou encore posée sur une table haute, tels les fils d’Ariane de "ce rêve ensemble", Pour synthèse, un calligramme créé explose ou réunit toutes
les énergies et les identités d’un Grand Paris, imaginé immortalisant le rêve. Ailleurs des montages photographiques introduisent de faux panneaux directionnels Panpaname aux côtés de panneaux
bien réels.
Optimisme à tout-va, humour très présent dans la veine du mouvement littéraire de l’OuLiPo et calligrammes sympathiques nous offrent des entrées multiples au sol, ou suspendus sur des cartons.
Par ce jeu jubilatoire des yeux et de la lecture, les élèves nous invitent sans contrainte, à pousser les portes de leur rêve commun. Plusieurs entrées sont possibles. L’ensemble est connecté et
relié par une création sonore. Quatre haut-parleurs discrets, telles quatre bornes aux quatre coins de l’espace central de l’exposition diffusent des montages sonores qui mêlent sons, musique
contemporaine et bruits urbains. L’ensemble musical avertit le spectateur de la cohérence d’un projet artistique pluridisciplinaire.
Les travaux de géographie et d’écriture sous toutes leurs formes ont été au rendez-vous de la moindre émotion, du moindre désir, de la moindre idée à développer. Il en ressort une analyse limpide des aspirations d’une jeunesse apte à vivre en grand ses rêves de liberté et de rencontres sociales ou transgénérationnelles.
Leurs exercices de style retranscrivent la mémoire du territoire, traduisent le présent et imaginent l’avenir. Un beau cadeau et une belle invitation à se joindre à leurs réflexions.
Le programme pédagogique du projet comprenait une initiation à la cartographie et à l’orientation, ainsi que la découverte des cartes du Grand Paris et une familiarisation des cartes mentales. Mais les lycéens ont aussi travaillé les techniques d’écriture et d’oralisation, la pratique de la photo, de la vidéo et de la création sonore. Ils sont parvenus à s’inspirer de manière poétique et surréaliste du réel au cours de promenades urbaines et à retranscrire de manière visuelle les limites du Grand Paris interrogeant le lien d’appartenance et la question des limites.
La dimension sonore pour découvrir la ville a probablement été la plus originale des perceptions pour s’approprier de manière inhabituelle un paysage sonore urbain. Ils ont eu la chance de travailler avec des artistes dont l’art repose sur l’écoute et la musique contemporaine qui compose avec des moyens numériques des sons et ce que nous appelons vulgairement des bruits. Est-il nécessaire de préciser que les jeunes lycéens ont appris à travailler en groupe et compris l’articulation entre la discipline artistique et la matière scolaire ?
Une belle leçon de culture qu’on souhaite à tous les élèves !
Si les élèves ont saisi les enjeux de la construction du Grand Paris à travers l’expression artistique, ils le doivent à la qualité du projet, des intervenants, des professeurs et à eux-mêmes. Une expérience du collectif peu commune qu’on souhaite déterminante pour leur vie de jeunes adultes.
Sur l’un des panneaux suspendus de l’exposition, on pouvait lire :
Et demain ?
Là en face de moi, je vois la création
Se baladant rue des Poètes.
Je tourne à gauche, rue black, Blanc, beurs
Ou se trouve l’Assemblée nationale,
Soudain j’aperçois une livreuse en scooter
Faisant tomber ses fleurs,
On est Cité du Chaperon vert
Je l’aide, puis je me dis qu’il faut que ça change
Je vais donc rue de la nouvelle ère
Dans mon tour, je passe Place des visionnaires
Juste à côté de l’Élysée.
Place de la jeunesse, à côté celle de la Place de la vieillesse
Avançons, avançons, Stop
Voici le funiculaire de l’ascension sociale
Désolé, ça fait plusieurs décennies qu’il est en panne.
Je me trouve dans un parc fleuri, calme et espacé
Il est rue des Poètes
Mais j’ai pris la place des visionnaires en sens inverse
Pour ne pas tourner en rond,
J’emprunte l’avenue du deuxième tour.
Propos recueillis le soir du vernissage
Mme Vân Pham, professeure de lettres-modernes :
Il y a deux types de textes différents dans l’exposition. Les calligrammes, travaillés avec un intervenant, Camille Faucherre, où les textes sont très écrits, avec des jeux de mots ; la forme de l’écriture des mots a été aussi choisie avec soin. Pour ces textes, les élèves ont fait des ballades dans les villes de Vitry-sur-Seine et alentours, parfois les yeux fermés pour mieux ressentir leur environnement avec l’ouïe, l’odorat avec des consignes et des contraintes d’écriture. Puis ils les ont imaginés dans des formes graphiques, à l’intérieur d’une flèche par exemple.
Les textes sur les cartons suspendus abordaient l’écriture orale de la ville car une ville d’abord se raconte par ses habitants. Avec l’aide d’un autre intervenant, les élèves et les professeurs ont livré des anecdotes qui leur étaient arrivées, afin d’exprimer une sensibilité sans filtre. L’idée était d’expérimenter une écriture en duo. Il y a avait ainsi un conteur et un scribe. Le conteur pouvait être un adolescent ou un professeur.
Vladina en seconde au Microlycée présentait le projet fait avec sa classe tout au long de l’année, le jour du vernissage.
Au début, je pensais que cela ne serait pas intéressant. Puis avec les intervenants, j’ai trouvé cela de plus en plus passionnant. On a commencé à écrire des textes de rap avec Camille. On a fait de la musique, on a enregistré des sons avec des petits enregistreurs qu’on nous avait confiés. On a fait des sorties pour des photos avec Vivian Daval. Puis on a sélectionné les plus belles photos en classe. Cela nous a pris des heures mais j’ai adoré. On a appris avec les professionnels les prises de vues. Pour l’écriture des textes, on devait respecter des consignes. On a fait une liste de mots et avec ces mots, nous devions faire un texte sur Paris. En sortie, nous avions un petit calepin où nous devions tout noter : les sons, les odeurs, tout ce qu’on voyait. Autre exercice, on devait écrire en langage parlé un texte écrit par un autre, une anecdote, un souvenir sur la ville. Ça m’a beaucoup plu. J’étais chargée de réécrire l’anecdote racontée par mon professeur d’histoire Monsieur Giacomo, dans un langage parlé.
Sur l’exposition finale des travaux ?
Je suis super contente du résultat.
C’est le travail photo que j’ai préféré. On s’est enregistré aussi dans la classe, on a enregistré des voix, des bruits. Pour la cartographie au sol, on a symbolisé avec du scotche de différentes couleurs les futures lignes de métro et nous avons mis des plaques, des textes qui présentent ce qu’on pense du Grand Paris idéal et comment nous allons y vivre : comment on va manger, y habiter, s’y déplacer en rouge par exemple, en blanc comment on va s’habiller.
Le grand Paris idéal de Vladina ?
C’est le Paris actuel pour moi : tout le monde soudé. On dit qu’il y a Paris et la banlieue. Mais pour moi, c’est "Paris/Paris". Je ne veux pas que cela soit différencié. Quelqu’un qui habite Vitry est un parisien quand même.
Ce que j’ai appris ? Maintenant on sait travailler ensemble.
Le mot de la fin ? Ceux qui sont
amoureux de Paris, venez découvrir notre exposition qui montre Paris sous un autre angle !